MOTOVESPA

MOTOVESPA

La Vespa à la sauce espagnole (1952–1990)

Quand la guêpe italienne se mit à chanter flamenco

Un scooter né dans les ruines… et vite adopté par les rues

En 1946, l’Italie panse ses plaies de guerre. C’est dans ce contexte qu’un ingénieur aéronautique, Corradino D’Ascanio — allergique aux motos (véridique !) — invente un drôle d’insecte mécanique : la Vespa. Un scooter pratique, léger, au style inimitable. Résultat ? Un succès planétaire. Les Italiens l’adorent. Les Français aussi. Et l’Espagne ? Eh bien… l’Espagne veut sa part de la guêpe.

Mais problème : sous Franco, importer des véhicules étrangers, c’est mission impossible. Solution ? Piaggio passe un accord avec une entreprise espagnole pour construire les Vespa sur place. C’est ainsi que Motovespa S.A. voit le jour à Madrid en 1952. ¡Olé!

 

Motovespa : même guêpe, autre nid

Au début, les Motovespa sont de simples copies sous licence des modèles italiens. On les monte à la main dans les ateliers madrilènes, sous le regard sévère des contremaîtres… et de Franco (indirectement). On retrouve les lignes courbes de la Vespa 125, le bruit caractéristique du 2 temps, et cette impression de liberté — même dans une Espagne encore bridée.

Mais rapidement, l’Espagne ajoute son grain de sel :

  • On renforce les suspensions pour les routes… disons « pittoresques ».
  • On adapte l’électrique, parfois à contrecœur.
  • On relooke le tout avec quelques phares rectangulaires et feux arrière typiquement ibériques.

Résultat : des Vespa espagnoles avec du caractère, parfois plus rustiques, mais souvent plus solides. Des Vespa qui mangent du bitume sous 40°C à l’ombre sans broncher.

Le Vespa 160GS MK1 comparé au Motovespa 150S Espagnol

“Phare carré : pas italien, mais très pratique pour viser les virages.”
“Moteur robuste : supporte même les routes andalouses.”

Des modèles mythiques… made in Madrid

Parmi les modèles qui font tourner les têtes :

  • Motovespa 125N : la première. Sobre, efficace. Le scooter du fonctionnaire madrilène.
  • Motovespa 150S : un best-seller, viril, costaud. Avec lui, c’est le soleil, les tapas et la vitesse (limitée).
  • Motovespa 160GT : un peu plus de peps, pour ceux qui aiment doubler les Seat 600 en côte.
  • Motovespa 200 DS/DN : la dernière grande, sortie dans les années 80. Plus puissante, un peu lourde, mais toujours fière.

Chaque modèle a son public. Des jeunes rebelles en blouson noir aux grands-pères nostalgiques, tout le monde a chevauché une Motovespa au moins une fois.

La fin d’un mythe local

Mais voilà, les années 90 arrivent. L’Europe s’ouvre. Les scooters japonais débarquent avec leur technologie, leurs démarreurs électriques, et leur silence suspect. Motovespa ne suit plus le rythme.

En 2003, après plus de 50 ans de service, l’usine ferme ses portes. Une page se tourne. Le scooter espagnol le plus célèbre quitte la scène… mais pas le cœur des passionnés.

L’usine Motovespa à Madrid
“Ici, on a fait ronronner l’Espagne pendant 50 ans"

Aujourd’hui : la Motovespa comme objet culte

De nos jours, les Motovespa sont des objets de collection. On les restaure avec amour, on les expose dans les rassemblements vintage, et on les chérit pour ce qu’elles représentent : une Espagne en mouvement, entre tradition et modernité, entre paella et pistons.

Et surtout… elles démarrent encore au quart de tour. Sauf si le carburateur a décidé de faire la sieste.

Publicité du MotoVespa TX200

En bref…

Motovespa, ce n’est pas qu’une Vespa espagnole. C’est un pan d’histoire industrielle, un symbole de liberté dans un pays longtemps enfermé, et surtout… un scooter qui a du caractère. Comme un bon vieux vin rouge de Rioja : plus il vieillit, plus il est respecté

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